Depuis le discours du Président Félix Tshisekedi à Kisangani, évoquant la possibilité d’une révision de la Constitution, la scène politique congolaise est en effervescence. Ce débat, déjà sensible et complexe, divise l’opinion nationale, entraînant des prises de position marquées au sein des partis politiques. L’un des soutiens les plus notables vient du CRD (Convention pour la République et la Démocratie), dirigé par Christophe Mboso Nkodia. Son parti milite ouvertement en faveur de cette révision, qu’il juge essentielle pour combler certaines lacunes de la Constitution actuelle, particulièrement en matière de gestion du sol et sous-sol congolais.
En effet, la Constitution de la République Démocratique du Congo, adoptée en 2006, incarne les aspirations de paix, de démocratie et de stabilité pour un pays sortant de décennies de conflits. Pourtant, après près de deux décennies, elle montre des limites face aux nouvelles réalités économiques et sociales, notamment en matière de protection des ressources naturelles. Le Congo possède des réserves importantes de minerais stratégiques, dont le cobalt et le lithium, ainsi que des terres fertiles, qui suscitent des convoitises croissantes à l’échelle internationale. Or, l’actuelle Constitution reste vague quant à la souveraineté et à la gestion de ces ressources, un manque de clarté juridique qui peut mener à une exploitation incontrôlée et, in fine, compromettre les intérêts nationaux.
Pour le CRD et son président Mboso Nkodia, la révision constitutionnelle n’est pas seulement une question d’adaptation, mais une exigence pour la sauvegarde de la souveraineté économique du pays. Selon eux, une Constitution renforcée pourrait offrir des garde-fous contre la mainmise étrangère sur les terres et le sous-sol congolais. Ce discours est bien accueilli par une frange de la population qui craint de voir les ressources nationales déviées vers des intérêts étrangers, sans réelles retombées pour les communautés locales.
Dans sa vision, Mboso Nkodia plaide pour une révision qui introduirait des mesures strictes pour encadrer l’exploitation des terres et du sous-sol. Cela pourrait inclure des clauses garantissant une répartition équitable des revenus miniers et agricoles, ainsi qu’un renforcement des droits des populations locales sur leurs territoires. Ce positionnement s’aligne également avec les besoins de développement durable du pays, appelant à des politiques transparentes et équitables.
Il importe de rappeler lors de son séjour de trois jours dans la province de la Tshopo, à Kisangani, le Président Félix Tshisekedi a tenu un discours marquant, abordant les principaux défis et priorités de son programme quinquennal. Parmi les sujets évoqués, celui de la révision de la Constitution a retenu particulièrement l’attention. « N’ayez pas peur, notre constitution contient des faiblesses. Il est bon que notre élite y réfléchisse », a-t-il déclaré, levant toute ambiguïté sur ses intentions.
Un appel à la réflexion pour une Constitution plus adaptée à nos réalités
Le Président Tshisekedi a rassuré la population en soulignant que la révision constitutionnelle ne concernerait pas le nombre de mandats présidentiels, une crainte souvent évoquée dans les débats politiques. Cependant, il a également insisté sur la nécessité pour les élites congolaises de s’impliquer activement dans cette révision. La Constitution, adoptée en 2006, a permis de jeter les bases d’un État démocratique en République démocratique du Congo, mais elle présente certaines lacunes qui méritent d’être corrigées pour mieux refléter les réalités locales et faciliter le développement du pays.
Il importe de rappeler que le Président Tshisekedi a souligné les grandes lignes de son programme, avec un accent particulier sur les infrastructures, la sécurité, l’éducation et la santé. Ces domaines sont au cœur de sa vision pour un Congo uni et prospère. « Mon souci est que les Congolais, fils de riches ou de pauvres soient-ils, aient accès gratuitement à l’éducation et aux soins médicaux », a-t-il affirmé, réitérant sa volonté d’étendre la gratuité de l’enseignement et de mettre en place une couverture santé universelle.
Face aux nombreuses agressions auxquelles la RDC est confrontée, notamment dans l’Est du pays, le Président Tshisekedi a lancé un appel à la résistance et à la résilience. Il a rappelé à la population de Kisangani leur héroïsme lors de la guerre de six jours, les incitant à rester forts face aux ennemis du pays, nombreux à convoiter les richesses minières de la RDC.
Le discours du Président a également mis en lumière l’importance de renforcer les dispositifs légaux et institutionnels de la RDC pour mieux faire face aux pressions externes. « Nous avons beaucoup d’ennemis autour de nous », a-t-il averti, soulignant l’enjeu géopolitique majeur que représente la protection des ressources naturelles du pays. Dans ce cadre, la révision constitutionnelle pourrait permettre de mieux encadrer les actions de l’État, de prévenir toute tentative de déstabilisation et de garantir un développement harmonieux et durable.
L’idée d’une Constitution plus robuste et plus adaptée aux réalités congolaises trouve un écho favorable auprès de nombreux intellectuels et acteurs politiques. Elle représente une opportunité de moderniser le cadre législatif du pays tout en préservant les acquis démocratiques essentiels, comme la limitation des mandats présidentiels.
La révision de la Constitution de la RDC s’annonce donc comme un processus clé pour l’avenir du pays. Sous la conduite du Président Tshisekedi, cette révision se veut une réponse aux défis internes et externes, visant à renforcer la souveraineté nationale et à garantir la stabilité. Le Président a appelé l’élite congolaise à s’approprier ce débat crucial, tout en rassurant la population sur le fait que cette révision ne servira pas à prolonger son propre mandat, mais bien à refonder les bases institutionnelles pour un Congo plus fort.
Avec cet engagement, la RDC entre dans une nouvelle phase de réflexion constitutionnelle, une phase où chaque citoyen, chaque acteur politique, est appelé à jouer son rôle pour construire un avenir meilleur.