À quelques jours de la présidentielle américaine, les démocrates se trouvent encore une fois de plus dans une situation délicate en raison de certaines maladresses de communication qui se retournent contre eux. Mercredi 30 octobre, Donald Trump a orchestré une mise en scène provocatrice dans le Wisconsin, habillé en éboueur et juché sur un camion poubelle arborant le logo de sa campagne. Cet événement était une réponse à la gaffe récente de Joe Biden, qui a qualifié les partisans de Trump d’« ordures » (« garbage » en anglais), une expression qui pourrait bien coûter cher au camp démocrate.
Profitant de cette bévue, Donald Trump a fait une entrée en scène dans une tenue d’éboueur, en gilet jaune et orange fluo, pour dénoncer les propos de Biden : « Deux cent cinquante millions d’Américains ne sont pas des ordures », a-t-il déclaré devant une foule exaltée, signe de sa désapprobation face aux paroles de Joe Biden. Cette scène est un rappel stratégique pour Trump de la « victimisation » de ses sympathisants, une carte qu’il n’a pas hésité de face à ses adversaires. Ce choix habile ne laisse pas de place à l’ambiguïté et renforce son image de protecteur des « Américains » contre une élite qu’il qualifie d’arrogante et déconnectée.
La gaffe de Michelle Obama en 2008
Il importe de rappeler qu’en 2008, une situation similaire avait ébranlé le camp démocrate. Lors de la campagne de Barack Obama, Michelle Obama avait déclaré à Madison, dans le Wisconsin : « For the first time in my adult lifetime, I’m really proud of my country » (« Pour la première fois de ma vie d’adulte, je suis vraiment fière de mon pays »). Ces mots avaient été perçus par certains comme une critique envers les États-Unis, suscitant une vive controverse et mettant temporairement en péril la campagne de son mari. Malgré la victoire historique d’Obama, cet incident montre que chaque phrase a un poids considérable dans la bataille médiatique, où tout détail compte.
En communication, surtout en politique, chaque mot et chaque geste comptent. L’erreur de Joe Biden illustre bien le danger de sous-estimer les répercussions d’une simple phrase. Dans le contexte actuel de la présidentielle, où l’opinion publique se montre particulièrement réactive aux déclarations de chaque camp, ce type de dérapage peut créer un tournant inattendu. Donald Trump, de son côté, a démontré un talent extraordinaire et une capacité prpoactive de transformer les erreurs de ses adversaires en moments de gloire et de solidarité avec ses sympathisants.
Kamala Harris se désolidarise, une tentative de limiter les dégâts
Face à la polémique grandissante autour de ces propos, Kamala Harris a pris ses distances, traçant une ligne claire pour apaiser les tensions et recentrer le discours de la campagne démocrate. Elle a exprimé son « désaccord profond avec toute critique contre des gens fondée sur la personne pour laquelle ils votent ». La candidate démocrate a ainsi tenté de tempérer les effets de cette déclaration en insistant sur la nécessité de respecter tous les électeurs, quelle que soit leur préférence politique.
Dans un échange avec des journalistes, Kamala Harris a également rappelé que Joe Biden avait « clarifié ses propos » après le tollé suscité par sa sortie controversée. Cependant, elle a tenu à réaffirmer sa propre vision, se projetant en présidente capable de rassembler les Américains. « En tant que présidente des États-Unis, je serai la présidente de tous les Américains », a-t-elle ajouté, s’efforçant de repositionner la campagne sur le terrain de l’unité nationale.
Quelles conséquences à six jours du scrutin ?
Pour les démocrates, cette erreur de communication pourrait bien se révéler coûteuse. Non seulement elle fournit un argument de choix à Trump, mais elle nourrit aussi la méfiance de certains électeurs envers un camp qui, selon eux, manque de considération pour ceux qui ne partagent pas leurs idées. À six jours du scrutin, le moindre faux pas peut influencer les derniers électeurs indécis, et cette gaffe pourrait bien servir à Donald Trump pour renforcer sa base et rallier davantage de soutiens.